Rue Roger Salengro

Cette rue fut construite après la guerre 1914-1918. Elle longe la voie ferrée entre la rue Emile Basly et la rue Anatole France et fait la liaison entre l’ancien centre du village et la rue principale actuelle.

Elle correspond à l’ancien chemin du halage qui allait du pont à l’écluse.

Aujourd’hui, 3 cités viennent se greffer à la rue Roger Salengro :

  • la cité d’Edimbourg avec la rue Henri Sellier et la rue Léon Blum
  • la cité formée par la rue Jules Ferry
  • la résidence des Crêtes avec la rue du 8 mai 1945.

Qui est M. Roger Salengro ?

Roger, Henri, Charles SALENGRO voit le jour à Lille le 30 mai 1890
et décède le 18 novembre 1936.

I – Une jeunesse militante

  1. Une enfance heureuse
    Son père Henri Salengro est bonnetier, sa mère Anna Herreman, institutrice publique. Il fait des études de lettres, obtient son bac et monte à Paris pour suivre des études de lettres supérieures.
  2. Un militant fougueux 1909-1914
    Il s’engage pour la cause socialiste, il déteste l’injustice. Il découvre la misère des courées. Il adhère à la section de Lambersart en 1909. Ses dons d’orateur sont très vite remarqués.
    Il participe au combat pour la défense et le respect des Droits de l’Homme.
    Malgré son éducation religieuse, il rejoint la Libre Pensée Socialiste et commence à dénoncer le cléricalisme.
    Il fonde en 1909 le groupe des étudiants collectivistes.
    Payant de sa personne, il est plusieurs fois poursuivi en justice pour désobéissance ou violence
  3. Un patriote convaincu 1914-1918
    Il effectue son service militaire au 33e RI d’Arras.
    Il est inscrit au carnet B et lors de la mobilisation, il est emprisonné. Libéré de prison, il participe aux combats d’Artois et de Champagne. Le 7 octobre 1915, en allant rechercher les papiers d’un ami, il est fait prisonnier et interné en Bavière.
  4. Le défenseur de la « vieille maison » 1919-1921
    Il reprend ses activités de militant. il est élu à la CA de la Fédération et devient le secrétaire administratif en 1919.
    G. Delory le demande à Lille. Il est alors élu Conseiller Générale de Lille Sud-Ouest.
    En 1920, il se pose en porte drapeau de la « vieille maison ». En décembre, au Congrès de Tours c’est la scission.

II – Le reconstructeur de la Fédération

  1. Un combat acharné
    La scission entraine une hémorragie des adhérents. Il montre l’exemple et déploie une énergie considérable.
    en 1925, il devient secrétaire général adjoint et maire de Lille puis député en 1928. Il instaure les délégués à l’organisation dans chaque canton.
  2. Des résultats encourageants
    A partir de 1931, il impulse le mouvement des « femmes socialistes ». Il est le véritable réorganisateur du parti dans le Nord.
  3. La « haine » des communistes
    Dès 1921, le Parti Communiste exerce une pression sur le Parti Socialiste et notamment sur Roger Salengro.

III – Le Maire de Lille 1925-1936

  1. L’animateur des victoires socialistes
  2. Un grand maire pour une grande ville
    Roger Salengro a une conception plus ambitieuse du rôle de sa ville. Gestionnaire rigoureux et grand travailleur, il entreprend : un programme de construction de logements sociaux, de collecteurs d’eaux usées dans les canalisations souterraines, le percement de nouvelles artères, la construction de la Foire de Lille, la reconstruction des équipements sanitaires, la réunion des services hospitaliers (le CHR). Il impulse une grande politique d’éducation avec la création des universités et des facultés.
  3. Not’maire
    Sous l’autorité du bureau de bienfaisance, il met en place un réseau de dispensaires, établissements de bains-douches, restaurants scolaires, écoles de plain air, de camps et colonies de vacances, des crèches et des résidences pour personnes âgées.
    Il crée un fonds municipal de chômage. Il fait apporter du travail dans le programme de grands travaux.
    On le surnomme « le souteneur des grèves ».

IV – Le temps de la haine. Juillet à novembre 1936

  1. Le Ministre à abattre.
    Il devient Ministre de l’Intérieur du Front Populaire du 4 juin au 18 novembre 1936.
    A 46 ans, Ministre de l’Intérieur du gouvernement Léon Blum, il veut « rapprocher patronat et salariat », assurer l’ordre en convoquant patrons et ouvriers dans une mairie.
    Il est artisan des accords de Matignon le 7 juin 1916.
    Il s’attaque à la dissolution des ligues factieuses. Pour la droite et extrême droite, il est l’homme à abattre.
  2. La calomnie en marche
    H. Becquart l’accuse d’avoir déserté. L’Action française le présente comme un condamné à mort pour désertion à l’ennemi.
    Léon Blum fait examiner son dossier militaire, il est acquitté par le Conseil de Guerre le 20 janvier 1916.
    L’affaire remonte et l’Assemblée vote en sa faveur.
    (Autorisé à sortir des tranchées pour ramener le corps d’un camarade, il est fait prisonnier par les Allemands, jugé par contumace pendant la guerre on porte l’inscription erronée « condamné » au lieu de « jugé » cela entraîne des témoignages discordants et le 17 novembre 1936, 437 députés (contre 63) reconnaissent sans fondement l’accusation)
  3. Accusé à tort par les journaux de droite d’avoir déserté en 1915 et déprimé par la mort de sa femme, il se suicide au gaz le 17 novembre 1936.
    On trouvera cette lettre écrite la veille de sa mort : « J’ai lutté vaillamment mais je suis à bout…. Je ne suis ni un déserteur, ni un traître ».
    Roger Salengro eut des obsèques nationales radiodiffusées le dimanche 22 novembre.
    Ce sont plus d’un million de personnes qui assisteront à ses funérailles. Jamais Lille ne connaîtra un tel rassemblement qui estera à jamais gravé dans la mémoire des socialistes.